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mardi 29 novembre 2016

Feelings



Les sentiments. C'est quelque chose de tellement surprenant. Tellement universel et partagée pourtant si incompris et mystérieux. Donner un nom à une émotion et se dire que l'autre ressent la même chose. Comment sait-on que lorsque quelqu'un nous dit qu'il est triste on sait ce qu'il ressent par sa propre expérience de la tristesse ? 

Les sentiments sont si changeant, si éphémère. Un détail les renverse du tout au tout. On est dans une sorte de routine, de petite vie tranquille avec de légères ondulations émotionnelles et puis un jours tout part en vrille. Et les sentiments suivent. Il parait qu'il est impossible de les maîtriser, de rester cohérent et concentré. On peut réussir à la calmer et à s'habituer à leur présence à la longue, pour reprendre un peu le contrôle de nous même. Mais au moment de la crise, au moment du changement, qu'ils soient positifs ou négatifs, les sentiments font ce qu'ils veulent de nous. Ils nous laisse impuissant, à leur merci, à ressentir des choses que l'on voudrait raisonner, atténuer pour pouvoir continuer à vivre sa vie normalement. Mais non, ils nous paralysent, nous obsèdent, nous rendent dépendant, modifient nos comportement futur. Si l'odorat et le sens le plus développer dans le domaine de la mémoire, les sentiments le dépasse aisément. Ils changent qui l'on est. De même qu'une brûlure nous marque à vie, chaque sentiment laisse une petite part de lui dans ce que l'on est. Chaud sentiment participe à l'édifice que nous somme. Et les sentiments puissant peuvent nous changer du tout au tout, parfois à jamais. C'est effrayant d'être soumis à quelque chose d'aussi courant, d'aussi puissant et d'aussi mystérieux. 

J'ai souvent dit que je n'avais pas de sentiment. Ou du moins pas normaux. Ou pas tout le temps. J'ai souvent dit que j'étais très distant de tout, que de plus en plus, rien ne me touchait, rien ne m'atteignait. Ce week end j'ai vécu au milieu d'une tornade de sentiments. Des sentiments tristes. Je me suis armé de mon détachement légendaire, j'ai enfilée ma blouse blanche anti-tristesse par sécurité et j'ai combattu les sentiments. Ils étaient un peu comme un esprit. Le seul moyen de les vaincre, c'était de parler pour les faire sortir du corps qu'ils hantaient. Mais il leur fallait un nouvel endroit où aller, alors je les ai absorbé, pour ne pas qu'ils retourne de la où ils venaient. J'ai mené de nombreux combat ce week end, j'ai vaincu de nombreux esprits. Beaucoup restent bien enfoui chez les personnes que j'ai aspiré, mais j'en ai déjà absorbé beaucoup. J'ai tout absorbé. Comme un attrape rêve. Ce week end, j'étais un attrape tristesse. Et j'en ai attrapé tellement que je me suis demandé si j'allais moi-même y succomber. 

J'y ai succombé, puis je m'en suis sorti. Et j'ai recommencé. Et après quelques réflexions et quelques constats, je me suis rendu compte que je m'étais trompé. Je ressens les choses. Je ressens la tristesse, je ressens la joie, je ressens le manque, je ressens l'amour, je ressens l'espoir. C'est comme si toute ces choses flottaient autour de moi. Je peux les voir, je peux les sentir, les toucher, les comprendre, les conceptualiser. Je peux les ressentir. Mais je crois que la différence par rapport aux autres. C'est que même présents, ces sentiments tourbillonnants autour de moi ne peuvent m'atteindre. Ils ne peuvent pas me toucher, prendre possession de moi et me réduire à l'esclavage ainsi qu'à leur moindre désir. Ils ne peuvent me prostrer dans un coin de ma chambre lorsque je quitte une personne que j'aime, ils ne peuvent m'empêcher de me concentrer en injectant des espoirs farfelus dans mon esprit. Ils ne peuvent avoir un tel impact sur moi. 

Pourquoi ? ça je ne le sais pas. Peut-être est-ce volontaire, je ne le crois pas, je n'accepterais que les bons sentiments dans ce cas là. Peut-être un mécanisme d'auto défense ? Pourquoi n'existerait - il pas chez les autres dans ce cas là. Peut être ai-je bien un problème, peut être que même si je m'étais trompé sur l'origine ou la nature, il y a bien quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. Peut-être que je me suis lassé. Peut-être que je fais preuve d'un tel pragmatisme que je réussi à contrer l'absurdité des sentiments. Peut être un savant mélange de tout ça. Peut être un tempérament un peu plus robuste et une capacité de réflexion et de contrôle des entrées et sorties de mes sentiment un peu plus développée que la moyenne et que j'apprends à contrôler. 

Alors pourquoi ne puis-je pas être simplement heureux devant le monde dont je rêve. Pourquoi discerner la joie et l'espoir sans qu'elles m'envahissent ? Pourquoi au contraire vouloir se laisser bercer par une émotion puissante et néfaste quand on sait qu'elle ne nous apportera rien car tout ce qui devait être vécu l'a déjà été ? Peut être est ce un problème de concept. Peut être que les choses peuvent entrer en moi et me toucher mais ne peuvent en ressortir. Je suis donc noyé dans un mélange de sentiments antagonistes me permettant de pleurer la faim dans le monde en rigolant d'une blague sur internet pendant que j'enterre mon espoir de projecteur en jubilant d'un projet bien moins enviable. Tout ça en restant de marbre. 

Je me sens comme un petit enfant, perdu, effrayé qui lutte pour rester debout quand tout s'écroule et que plus rien ne semble suffire ou être assez attractif pour être envier. J'ai l'impression que je suis un petit garçon qui a juste besoin d'être rassuré. Mais je n'ai pas peur. Je ne suis pas perdu. Je n'ai pas besoin de lutter. Je tiens. Stoïque. De marbre. Je ne comprends pas.

J'ai écris sans filet et sans relecture. je ne l'avais pas fait depuis un moment et je crois que je me sens soulagé. Je vous direz peut être ça dans les prochains jours 



"Now hush little baby, don't you cry
Everything's gonna be alright
Stiffen that upper lip up little lady, I told ya
Daddy's here to hold ya through the night
I know mommy's not here right now and we don't know why
We fear how we feel inside
It may seem a little crazy, pretty baby
But I promise momma's gon' be alright"