Dans un
train, il n’y a pas grand-chose à faire. J’ai prévu du boulot évidemment, mais
pas assez, le reste est au fond de mon sac, le train est bondé, ça attendra
plus tard. Je devais bosser à l’ordi, il me faut internet. Or, il n’y a pas
internet dans le train.
Alors que
fait on dans un train où il n’y a rien à faire ? On pense, on regarde à
droite, à gauche. Surtout à gauche en l’occurrence. Car oui, on croise du beau
monde, et par beau j’entends physiquement intelligent bien sûr. Ah ben tient,
justement il descend. Dommage. Mais bon, en fait, le train, c’est un peu comme
la vie. Il y a des gens qui restent, d’autre qui s’en vont. Certains s’en vont
alors qu’on aurait bien voulu les voir rester, d’autre reste même si on
aimerait les voir partir. Comme cette dame qui ne doit pas connaître le sens du
mot hygiène et qui a choisit la
meilleure place du train : à côté de moi. Ca y ai, il a disparut. Revenons
à notre train.
Je disais
que ça ressemblait à la vie. C’est vrai. On attend. Ou alors on essaie de s’occuper
pour se persuader qu’on ne perd pas notre temps. Temps précieux. En train, on
observe un peu la vie de l’extérieur. On traverse des kilomètres et des
kilomètres de paysages et de villes
inconnus. On voit des gens vivre leur vie chacun de leur côté sans faire
attention à ceux qui vivent à côté d’eux. Je ne suis pas très clair. Je vais
essayer de m’expliquer. Le train permet de réaliser que pendant que je suis là
en train de pianoter sur mon ordi pour me persuader que je ne perds pas de
temps, d’autres sont en cours, en voiture, devant la TV. Pense que pendant que
tu lis ça, transatlantique, certains marchent sur des tapis rouges sous les
flashs des paparazzis. Pense qu’il y a un petit garçon qui vient certainement
de tomber de vélo, quelque part dans le monde, pas en Chine en tout cas, car en
ce moment, les petits garçons et la plupart des
gens normaux (j’exclu par là tous les jeunes qui font la fête toute la
nuit) et les jeunes qui sont en médecine dorment.
Vous êtes
vous déjà demander ce que cela ferait d’être dans la tête d’un autre ?
D’entrer dans se vie ne serait – ce que quelques heures ? 200 millions de
spermatozoïdes. Soit 1 chance sur 200 millions d’arriver à la vie. 7 milliard
d’êtres humains, soit 7 milliards de vies différentes, donc 1 chance sur 7
milliard de tomber sur la mienne. Nous sommes déjà à 1 chance sur
1 400 000 000 000 000 000 soit 1,4 milliard de
millions de chance de tomber sur ma vie. En rajoutant tout les facteurs qui
font que ma vie est telle qu’elle est, (j’entends par là les choix faits, les
obligations, les voies suivies, et tout le reste) on approche l’infini en terme
de possibilité. Donc le zéro en termes de
probabilité. Je suis donc scientifiquement improbable.
Je me suis
beaucoup éloigné de mon train quoique j’aime bien là où cette divagation m’a
menée. Bref, je reviens à mon train tout en réfléchissant à ces multitudes de
vies autour de nous auxquelles ont ne prête pas assez d’attention a mon avis.
Pas que l’on doive se préoccuper d’autrui, ce n’est certainement pas moi qui
vais dire ça. Mais plus prendre conscience de ce que cela représente. Il y a
cet homme qui a changé quatre fois depuis le départ. Pourquoi cela ? Seul
lui (et encore ce n’est même pas sûr…) le sait. Il y a aussi cette vieille dame
qui a demandé si la place était occupée pour finalement s’y assoir quand on lui
a répondu que oui et ce jeune qui s’engueule probablement avec sa copine depuis
le début du trajet. Que d’agitation me direz vous, oui j’ai le chic pour tomber
sur les wagons des tarés. Il y a aussi ce jeune handicapé. Lui est un cas
intéressant. Je me demande et me suis toujours demandé comment il percevait le
monde ? Le perçoit – il seulement ? Que se passe – t – il dans se
tête ?
Que se
passe – t – il dans la tête des gens ? Que se passe – t – il dans leur
vie ? C’est des questions que je me pose assez souvent. Bizarre
hein ? Allez savoir ce qui se passe dans ma tête …
Moi